Dans les environnements sensibles comme les hôpitaux, les cliniques ou les établissements médico-sociaux, le linge n’est pas seulement une question de confort ou d’image : il représente un vecteur potentiel de contamination microbienne. Pour répondre à cet enjeu, la méthode RABC (Risk Analysis and Biocontamination Control) a été conçue comme un système rigoureux permettant de maîtriser le risque infectieux lié au traitement du linge.

Mais en quoi consiste réellement cette méthode ? Comment la mettre en œuvre dans une blanchisserie ? Quels sont les points critiques à surveiller ? Voici un guide complet pour comprendre et appliquer le RABC dans votre activité.

Qu’est-ce que la méthode RABC ?

RABC est l’acronyme de Risk Analysis and Biocontamination Control, soit en français : analyse des risques et maîtrise de la biocontamination. Ce système repose sur la norme EN 14065, adoptée à l’échelle européenne, et spécifiquement dédiée au linge traité en blanchisserie industrielle ou professionnelle.

Le RABC s’inspire des principes du HACCP (utilisé dans l’agroalimentaire), et vise à :

  • Identifier tous les risques de contamination du linge ;
  • Mettre en place des procédures de prévention et de contrôle ;
  • Documenter les actions, les résultats et les éventuelles non-conformités ;
  • Garantir à tout moment un niveau d’hygiène validé, mesurable et reproductible.

Ce système est particulièrement indispensable dans les structures manipulant du linge critique (tenues de bloc, draps d’hôpital, linge contaminé), mais il est aussi pertinent dans les EHPAD, les crèches, les blanchisseries d’hôtellerie haut de gamme ou les centres de soins.

Les étapes clés pour mettre en œuvre un système RABC

La mise en place d’une démarche RABC ne repose pas uniquement sur le matériel, mais sur une approche globale : organisation, formation, équipements, procédures et traçabilité.

a) L’analyse des risques

Première étape incontournable : identifier les sources potentielles de contamination à chaque étape du circuit du linge :

  • Réception et tri ;
  • Lavage, séchage, repassage ;
  • Stockage et distribution du linge propre.

Chaque zone, chaque manipulation, chaque transfert est un point à analyser. Il convient également d’évaluer les risques microbiologiques (bactéries, virus, champignons), mais aussi chimiques (résidus de lessive, désinfectants) et physiques (fibres, objets piquants…).

b) Le zonage et la marche en avant

L’organisation des locaux doit respecter une marche en avant stricte :

  • Le linge sale circule dans une zone dédiée, clairement séparée de la zone propre ;
  • Le croisement des flux est interdit ;
  • Les équipements et le personnel ne doivent pas passer d’une zone à l’autre sans procédure de décontamination.

Ce zonage s’applique aussi aux équipements mobiles : les chariots à linge, par exemple, doivent être différenciés (sale vs propre), nettoyés régulièrement et ne jamais transiter d’une zone à l’autre sans désinfection. C’est un point de vigilance souvent relevé lors des audits RABC.

c) Les équipements adaptés et contrôlés

Les machines utilisées doivent permettre de garantir des cycles de lavage conformes aux exigences de désinfection (temps, température, produit lessiviel, rinçage).

Un lave-linge semi-professionnel ou industriel bien calibré doit :

  • Atteindre les températures de désinfection thermique (65 °C pendant 10 minutes minimum) ;
  • Contrôler automatiquement les cycles ;
  • Permettre un enregistrement des données de lavage (température, durée, produit injecté…).

Les équipements de finition (séchage, repassage, pliage) doivent également être entretenus et désinfectés régulièrement. Une centrale vapeur professionnelle, par exemple, doit être nettoyée selon un protocole établi pour éviter la recontamination du linge traité.

d) La formation du personnel

Un système RABC est aussi solide que les personnes qui le mettent en œuvre. Il est donc indispensable de former tous les intervenants :

  • Aux risques biologiques ;
  • Aux gestes de prévention (lavage des mains, port des EPI, manipulation du linge) ;
  • Aux procédures d’alerte en cas de non-conformité (linge tombé au sol, rupture de traçabilité, panne de machine…).

Des fiches de poste et des procédures écrites doivent être disponibles dans chaque zone de la blanchisserie.

Contrôles, suivi et validation du système RABC

Une fois le système RABC déployé, il doit faire l’objet d’un suivi régulier. Ce suivi repose sur :

a) La traçabilité des opérations

Chaque cycle de lavage doit être documenté :

  • Nature du linge traité ;
  • Programme utilisé ;
  • Température atteinte ;
  • Date, heure, opérateur.

De même, les opérations de maintenance, de nettoyage des zones, de vérification du matériel doivent être enregistrées.

b) Le contrôle microbiologique

Des prélèvements microbiologiques réguliers sont indispensables pour valider l’efficacité des procédures. Ils peuvent porter sur :

  • Le linge propre ;
  • Les surfaces de travail ;
  • L’air ambiant (par sédimentation) ;
  • Les mains des opérateurs.

Ces analyses permettent de détecter les dérives, de corriger les écarts, et d’apporter la preuve de conformité lors d’un audit (certification, inspection sanitaire, appel d’offres…).

c) L’amélioration continue

Le système RABC n’est pas figé. Il doit être évalué chaque année, et à chaque modification du circuit, du matériel ou des exigences du client. Des audits internes et des revues de direction permettent d’adapter les procédures en temps réel.

RABC, un engagement quotidien pour l’hygiène

Mettre en œuvre un système RABC en blanchisserie, c’est bien plus que cocher une case réglementaire. C’est s’engager sur le long terme dans une culture de l’hygiène maîtrisée, fondée sur l’analyse, la rigueur et l’implication des équipes.

Que vous traitiez du linge hospitalier, hôtelier ou technique, le respect des exigences de la norme EN 14065 vous permettra de sécuriser vos process, de répondre aux demandes des clients les plus exigeants, et de valoriser la qualité de votre prestation.

Chez Blanchisserie Pro, nous accompagnons les professionnels dans l’implantation de la méthode RABC, la sélection d’équipements conformes (laveuses, sécheuses, chariots à linge, centrales vapeur…) et la formation des équipes. Car maîtriser le risque infectieux, c’est protéger votre réputation autant que vos utilisateurs.